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pos étranges sur les gens de lettres et sur leurs défauts de société , sur l'impossibilité d'en ren- contrer un d'aimable , sur le danger d'être leur intime, que j'ai vu clairement de l'affectation dans ce sujet de conversation , et dans la manière dont il était traité. L'Auvergnat (*) , après cette longue dissertation , est venu comme exemple , et seule- ment par occasion. On a dit que Voltaire lui- même n'avait pas eu plus d'esprit que celui-là , que la nature lui avait donné beaucoup de grâces et de sensibilité , et que l'exercice des lettres l'a- vait rendu égoïste et caustique. J'ai débattu l'é- goisme avec un très-grand succès ; et j'ai expli- qué la causticité avec assez d'adresse , en faisant remarquer d'ailleurs ( ce qui est très-vrai ) que cette causticité, que provoquent les ridicules, les vices et les méchans , devient toute tolérance et bonté en amitié. On est convenu de cela ; mais il m'a paru qu'il y avait un parti pris d'avoir de l'bumeur , et on l'a poussé jusqu'à dire qu'on n'avait vu que le petit abbé de Constantinople(**) aimable en société, quoiqu'on le dédaignât comme ami , ou plutôt qu'on le crût incapable de l'être. Vous connaissez cette manière de tomber d'ac- cord dans la discussion des détails, et de revenir avec opiniâtreté à l'assertion à laquelle l'interlo-

��(*) C'est Chamfort lui-même qui est désigné par ce sobriquet. On sait qu'il était né près de Clermont , en Auvergne. ( ** ) L'abbé de Lille.

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