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202 OEUVRES

Je n'osai la poilcr dans ton coupable flanc ; Sanglante, je craignis de répandre le sang. Celte divinité dont le nitlle courage

Jadis se nourrissait de meurtre et de carnage.

Dont la rage guidait les farouches transports,

Dont le bras tant de fois ensanglanta ces bords ,

A l'aspect d'un mortel, désarmée et tremblante ,'

Soupire et n'est déjà qu'une timide amante.

Caly[tso ne hait plus en ce funeste jour ;

Le poignard à la main, elle implore l'Amour.

Qu'aisément tu surpris ma raison égarée!

De mon cœur imprudent je te livrai l'entrée.

Je respectai ces jours , ces jours infortunés ,

Des pièges du trépas sans cesse environnés.

souvenir cruei d'une ardeur insensée !

O pleurs! ù désespoir d'une amante offensée!

Télémaque !,.. Eucharis !... Détestables amans!

Malheureuse ! Que faire en ces affreux momens!

Vous m'évitez en vain, je vole sur vos traces...

Mais que dis-je ? Voudrais-je augmenter mes disgrâces ? Mes yeux pourraient-ils voir leurs transports amoureux. Et leurs embrassemens insulter à mes feux ?

Encor , si je pouvais , au gré de ma furie, Briser le nœud cruel (|ui m'enchaîne à la vie, Etouffer mes douleurs dans le sein du trépas... Mais je ne peux mourir... Eh bien ! toi , tu mourras! Oui, je veux dans ton sang plonger ma main fumante , Sotis les yeux, dans les bras de ton indigne amante. Oui , dans ses bras sanglans , ingrat , tu vas périr ; Elle tri()nij)hera de l'avoir vu mom'ir.

Dieux! vengez par mes mains son infidélité ; je vous pardonne alors mon inunortalité.

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