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l82 OEUVRES

Nous avons tous connu le célèbre Milfleur ,

Né, comme ses ayeux, duc, riche et connaisseur;

Il devait des talcns se montrer idolâtre.

Aussi dans son palais avail-il un théâtre,

Des bronzes, des tableaux, des médailles en or:

Mais son plus cher trésor Était un pavillon tapissé de gravures ; Il en faisait d'abord admirer les bordures , Le sujet, le dessin ; ensuite il s'écriait :

« Remarquez, s'il vous plait , Que toutes sont axant la lettre. »

Or , comme il retenait , Ou bien qu'il écrivait peut-être , Ce qu'en le visitant chaque amateur disait,

Et qu'il le répétait ; EfTleurant des beaux arts la surface agréable , Il semblait marier la palme du savant

Au bouquet séduisant

Du petit maître aimable. Une de nos Lais , un jour, dit-on , s'y prit ; Et sou cœur partageait l'erreur de son esprit, Lorsque Milfleur voulant brusquer cette conquête , Écrivit un billet, mais si plat , mais si bête,

Que la nymphe en rougit, Et que, dans son dépit , Sur l'enveloppe elle se borne à mettre ;

«Vous n'êtes plusai'a«< la lettre. »

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