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l4o . OEUVRES

Toutes les pièces de théâtre ne sont qu'un enchaî- nement d'incidens subordonnés les uns aux autres et tendans tous à faire naître Y incident principal qui termine l'action. Les incidens qui le précèdent, sont appelés aussi épisodes. '

Ce qu'on peut ajouter par rapport aux incidens, aux épisodes, c'est qu'ils doivent naître du fonds du sujet, et ne point paraître forcés, ni amenés de trop loin.

Ils doivent suspendre le dénoùment , avoir une raison qui satisfasse le spectateur , mettre le hé- ros dans des situations frappantes, et que des coups de théâtre augmentent ses périls , déve- loppent son caractère , ses sentimens. Us tiennent toujours l'attention du spectateur en haleine et dans l'incertitude de ce qui arrivera.

L'avantage des incidens, bien ménagés et en- chaînés avec adresse les uns aux autres , est de promener l'esprit d'objets en objets, de faire re- naître sans cesse sa curiosité , et d'ajouter aux émotions du cœur, la nouvelle force ^ue leur donne la surprise; d'amener l'âme par degrés jus- qu'au comble de la terreur ou de la pitié ; si l'ac- tion est comique , de pousser le ridicule ou l'in- dignation jusqu'où ils peuvent aller.

Il faut éviter la multiplicité trop grande des incidens , dont la confusion ne servirait qu'à fa- tiguer l'esprit du spectateur , et ne ferait que des impressions légères sur son cœur.

Il est nécessaire que chaque incident ait le

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