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— Plusieurs femmes s’élèvent dans le monde au-dessus ’de leur rang, donnent à souper aux grands seigneurs, aux grandes dames, reçoivent des princes, des princesses, qui doivent cette considération à la galanterie. Ce- sont, en quel- que sorte, des filles avouées par les honnêtes gens, et chez lesquelles on va, comme en vertu de cette convention tacite, sans que cela signifie quelque chose et tire le moins du monde à con- séquence. Telles ont été, de nos jours, madame Brisard, madame Gaze et tant d’autres.

— M. de Fontenelle, âgé de quatre-vingt-dix- sept ans, venant de dire à madame lîelvétius, jeune, belle et nouvellement mariée, mille choses aimables et galantes, passa devant’ elle pour se mettre à table, ne l’ayant pas aperçue. « Voyez, lui dit madame lîelvétius, le cas que je dois faire de vos galanteries ; vous passez devant moi sans me regarder. — Madame, dit le vieillard, si je vous eusse regardée, je n’aurais pas passé. »

— Dans les dernières années du règne de Louis XV, le roi étant à la chasse, et ayant peut- être de l’humeur contre madame Dubarri, s’a- visa de dire un mot contre les femmes ; le maré- chal de Noailles se répandit en invectives contre elles, et dit que, quand on avait fait d’elles ce qu’il faut en faire, elles n’étaient bonnes qu’à renvoyer. Après la chasse, le .maître et le salel se retrouvèrent chez madame Dubarri, à qui M. de Noailles dit mille jolies choses. « ISe le