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meniez votre mari par le nez. » M. de Beauveau était présent : on se hâta de changer de conversation.

M. de Maurepas et M. de Saint-Florentin, tous deux ministres dans le temps de madame de Pompadour, firent un jour, par plaisanterie, la répétition du compliment de renvoi qu’ils prévoyaient que l’un ferait un jour à l’autre. Quinze jours après cette facétie, M. de Maurepas entre un jour chez M. de Saint-Florentin, prend un air triste et grave, et vient lui demander sa démission. M. de Saint-Florentin paraissait en être la dupe, lorsqu’il fut rassuré par un éclat de rire de M. de Maurepas. Trois semaines après, arriva le tour de celui-ci, mais sérieusement. M. de Saint-Florentin entre chez lui, et, se rappelant le commencement de la harangue de M. de Maurepas, le jour de sa facétie, il répéta ses propres mots. M. de Maurepas crut d’abord que c’était une plaisanterie ; mais, voyant que l’autre parlait tout de bon : « Allons, dit-il, je vois bien que vous ne me persifflez pas ; vous êtes un honnête homme ; je vais vous donner ma démission. »

— L’abbé Maury, tâchant de faire conter à l’abbé de Beaumont, vieux et paralytique, les détails de sa jeunesse et de sa vie : « L’abbé, lui dit celui-ci, vous me prenez mesure ; » indiquant qu’il cherchait des matériaux pour son éloge à l’académie.

— D’Alembert se trouva chez Voltaire avec un