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de ses états. Après cette espèce de triomphe, le monarque eut la faiblesse d’abandonner le gou- vernement au naturel féroce et indomptable d’Al- phonse son fils, ce qui attira sur lui la haine et le courroux des barons napolitains. Une conspi- ration se forma sur-le-champ : le comte de Sarno et Petruccio, secrétaire du monarque, sont à la tète; et le pontife, pour profiter de ces temps orageux, appelle de nouveau en Italie un petit- fds de René d’Anjou.

Ferdinand découvrit le complot, et montra aux conjurés une fermeté qui ne leur laissait aucun espoir d’échapper aux supplices. Les barons au- dacieux osèrent lui faire des propositions «iui étaient très-avantageuses aux rebelles. Le roi dis- simula son ressentiment, et crut ne pas devoir les rejeter, en attendant qu’il put faire repentir des sujets d’avoir traité avec leur souverain. Le pape, le roi d’Aragon et le vertueux Frédéric frère d’Alphonse furent garans du traité, qui par-là devenait respectable à Ferdinand; mais un cœur accoutumé au crime ne connaît rien de sacré.

Lorsque les esprits furent calmes, et que la haine ou la crainte eurent cédé à la sécurité, Fer- dinand fit éclater une vengeance odieuse et ter- rible. Le comte de Sarno, entièrement rassuré par les bontés qu’il recevait chaque jour du monar- que, mariait sa fille au duc d’Amalfî, et les noces se célébraient à la cour dans le palais même qu’ha- biiait le roi. On se livrait à l’ailégresse ; la scène