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taille dans la plaine appelée du Oiartip- fleuri ; le combat s’engage, il ne dura qu’une heure, et fut sanglant.

Mainfroy, à la tète de dix chevaliers, dont l’ar- deur répondait à son courage, voit ses troupes plier de toutes parts ; il perd toute espérance. La valeur lui reste, il se précipite au milieu des es- cadrons ennemis, et meurt comme il avait voulu vivre, en roi.

Ainsi périt ce prince extraordinaire, le premier dont l’ambition n’ait pas été criminelle, et dont l’usurpation semble être légitime; le seul dont la politique ait gagné les sujets, avant que sa aleur ait conquis le royaume. Persécuté par un frère injuste, vendu par im pape vindicatif, et vaincu par un prince féroce, il fut sage dans ses humilia- tions, modéré dans ses succès, et grand dans ses revers. On trouva le corps, du malheureux prince quelques jours après la bataille; le comte Jour- dan, son ami, se jette dessus et l’arrose de ses larmes. Le comte d’Anjou lui refuse la sépulture; et Clément le fait jeter sur les bords du Marine aux confins du royaume.

Cette victoire rendit Charles maître de la Sicile. Il fit son entrée à Naples avec Béatrix, son épouse. Le peuple inconstant le reçoit en triomphe, et lui prépare des fêtes lorsqu’il demande des bour- reaux, et fait périr dans les supplices plusieurs barons et gentilshommes qui tenaient encore poiu- Mainfroy.