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DE CHA.MFORT. 47

verner et propre à ses desseins. D’Honnebrucli ne peut suffire à sa nouvelle dignité’ ; l’état n’a qu’un régent, il demande un cher, (’ependant le pape s’est déclaré; il est en Italie, soulève les peuples, marche de conquêtes en conquêtes, tient déjà la moitié du royaume : le reste n’attend que sa pré- sence. La Sicile était perdue ; et d’Honnebri’.ch ne pouvait la sauver, quand l’état alarmé vint prier Mainfroy de prendre la régence. Il accepte alors, au nom de Conradin, un titre qu’il n’aurait pris ni plus tôt ni plus tard.

Le régent marche aux ennemis, remporte une victoire signalée, entre dans la Fouille, soumet les villes rebelles. Innocent iv, honteux et indigné d’un succès si rapide, qui lui ravis- sait un royaume dont il se croyait déjà pos- sesseur, n’osant s’exposer sur un champ de bataille, meurt dans son lit, à Naples, de rage et de désespoir. Mainfroy repasse en Sicile, où ses grands desseins devaient s’accomplir. La reine Elisabeth, femme de Frédéric craignant pour les jours de son fils Conradin, fit répandre le bruit de sa mort.

Quels motifs pouvaient déterminer cette prin- cesse à commettre une telle imprudence ? Crai- gnait-elle pour son fils les vues ambitieuses et les desseins secrets d’un oncle et d’un réeent Elisabeth les servait ; elle perdait son fils, au lieu de le sauver. Était-ce un mouvement de tendresse, un de ces pressentimens maternels dont le cœur II