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qu’il donnait à ses courtisans, il mêlait aux cou- pes d’or des convives, la coupe d’argile de leur maître, fier de la bassesse de sa naissance qui constatait la supériorité de ses talens, et lui lais- sait l’honneur d’être son ouvrage; orgueil nou- veau, plus raisonnable après tout, plus noble même que l’orgueil fondé sur des ancêtres. Chassé enfin malgré ses talens, mais né pour asservir, il mourut en Italie, tyran des Brutiens, et victime d’une vengeance particulière et inouie (i) 1 lais- sait une fille dont l’hymen attira sur la Sicile de nouvelles infortunes. Elle avait épousé Pyrrhus, roi d’Epire,àqui les Syracusains eurent l’imprudence de demander pour roi le fils qu’il avait eu d’elle ; ils voulaient obéir au petit-fils de cet Agathocle, qu’ils avaient détesté et banni ; ils espéraient d’ailleurs se faire de Pyrrhus un appui contre les Carthaginois : mais Pyrrhus se croyant leur roi sous le nom de son fils, ils s’indignèrent et se lassèrent de ses violences, au point de s’alliei" avec ces mêmes Carthaginois, pour le chasser de la Sicile. L’imprudent roi d’Epire alla commettre de nouvelles fautes en Italie, abandonnant la Si- cile plus que jamais à des divisions intestines, aux descentes des Africains, et à des désastres qui ne

(i) Un cure-dent empoisonné par un de ses ennemis consuma ses gencives. Le poison se communiqua rapidement à foutes les parties de son corps, qui ne fut bientôt plus qu’une plaie. Déchue par les douleurs, on !c poria vivant sur un bneîier.