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liulérèt et à la vénération publique. H recueillit jusqu’au dernier moment de sa vie ce tribut babi- tuel de respects unanimes et volontaires. .Sa mort lut une calamité ; et, parmi les honneurs prodi- gués à sa mémoire, on distingue le décret qui ordonnait d’aller demander à la ville de Corinthe un iiénéral dans les dangers de S vrac use.

La république jouit vingt ans du fruit des ex- ploits et des bienfaits de Timoléon. Mais de nou- vellesctions amenèrent de nouveaux malheurs. Le plus grand de tous fut Agathocle, né dans la dernière classe des citoyens. Elevé par son mé- rite à un commandement militaire, il parvint à la puissance de Denis, avec de plus grands talens et un plus grand éclat. On le vit, dans un de ses revers qui le priva du fruit de ses premiers succès, sortir de sa capitale assiégée par les Car- thaginois, et passant la mer, porter la guerre en Afrique: conduite audacieuse justifiée par l’évé- nement, sans exemple jusqu’alors, et depuis imi- tée par plus d’un capitaine. Il avait porlé la har- diesse jusqu’à brûler ses vaisseaux en abordant au rivage ennemi, pour mettre ses soldats dans la nécessité de vaincre ou de mourir : autre exemple d’audace qui a trouvé aussi d’illustres imitateurs.

On admire, malgré soi, dans ce caractère souillé de cruautés et de vices, différens traits d’une grandeur imposante. Fils d’un potier de terre, loin de rougir de son origine, il s’en faisait un triomphe de tous les jours ; et dans les festins