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l’exporter, anéantir on embarrasser la perception des impôts, c’était le but de toutes leurs manœuvres. Les destins d’un grand empire tenaient à quelques millions de plus ou de moins dans le trésor public. Il s’agissait de gagner le moment où un nouveau plan de finances serait présenté à la nation par le ministre en qui elle se confiait encore. Jusqu’alors, il fallait vivre de ressources momentanées ; et l’état était réduit à demander aux citoyens des sacrifices volontaires, dont la récompense se montrait en perspective dans la liberté publique, œuvre de la constitution que l’assemblée nationale promettait aux Français.

Elle s’occupait alors d’une question très-importante, celle du droit accordé à un seul homme, nommé roi, de suspendre ou d’annuler la volonté d’une grande nation. Cette discussion avait rempli une partie de la séance du lundi 7 septembre, lorsque le président demanda à l’assemblée si elle voulait recevoir une députation composée de onze vertueuses citoyennes, qui venaient lui offrir, avec leurs hommages, leurs parures et leurs bijoux. Un applaudissement universel fut la réponse à cette question. Elles paraissent : on leur fait préparer des sièges hors de la barre dans l’intérieur de la salle. Ces dames, toutes vêtues de blanc, toutes décemment et simplement coiffées, ornées d’une cocarde patriotique, s’avancent, précédées de deux huissiers, se rangent sur une ligne, et saluent le président et rassemblée.