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’Jl OEUVRES

où il rentra quelques mois après, devenu simple citoyen, presque aimé du peuple, qui, depuis son retour, lui a pardonné ses anciennes vexa- tions de chasseur et ses vieux péchés de prince. Le château de Broglie paya aussi en. canons son contingent à l’artillerie parisienne : c’était une bien petite expiation du crime de celui qui avait commandé l’armée contre Paris ; ce n’était même qu’un léger dédommagement du tort qu’il venait de faire encore plus récemment à la révolution, en faisant enlever de Thionville des fusils, des armes et des munitions de toute espèce, dont il disposa d’une manière peu favorable à la liberté. Limours, château de madame de Brionne, four- nit de même quelques pièces d’artillerie : ce n’était pas trop pour la mère de M. de Lambesc. Enfin des détachemens de l’armée parisienne visi- tèrent plusieurs châteaux, appartenans non plus à des princes, à des maréchaux de France, à des lieutenans-généraux, mais à des financiers, à des millionnaires qui les avaient légalement conquis sur les descendans des ces guerriers, et qui, par une vanité assez mal entendue, y avaient laissé des canons pris dans les batailles par leurs illus- tres devanciers.

La Fayette était obligé de donner des ordres pour ces différentes expéditions, qui étaient supposées lui plaire, le peuple n’ayant point encore de justes sujets de défiance contre un homme qui, l’un des premiers, avait apporté des Etats - Unis cette