Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t2.djvu/376

Cette page n’a pas encore été corrigée

DE CIIAMFORT. 365

})liis que de nombreux détachemens arrivés de différens dictricts, des casernes des gardes-fran- çaises et de celles des gardes-suisses. « Toutà l’heure ils nous investissaient, et ce sont eux qui se trouvent investis : comment cela s’est-il donc fait, disaient-ils ? » Et ils en furent confondus.

M. de la Fayette reprend la parole ; et après leur avoir parlé comme à de bons amis, ils défi- lèrent tous en applaudissant et le comblant de bé- nédictions.

La conduite que tint en cette occasion la Fayette augmenta beaucoup la confiance que l’on avait en lui, et accrut considérablement son influence sur le peuple. C’était alors un bonheur ; et les maux de l’anarchie eussent été trop intolérables, sans la sorte d’empire qu’il obtint sur la multi- tude. Il avait été réservé à ce jeune homme de servir en Amérique la liberté qu’il n’aimait pas, et de rapporter en France une réputation assez peu méritée, qui le mit, quelques années après, à la tête de la garde nationale parisienne. Tel était l’éclat de cette réputation, que, dans la con- currence pour cette place, son nom seul avait écarté celui d’un vieux militaire, connu par d’an- ciens services, et, ce qui est plus remirquable, par des services tout récens rendus à la révolution. M. de la Salle se crut honoré de servir sous les ordres de la Fayette, qui, pour accepter cette place, avait attendu ceux de la cour, ou du moins sa permission. Ainsi, aux suffrages des amis de