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par sa bouche. C’est bien à lui qu’on peut appli- quer plus particulièrement le bel et heureux texte de son sermon : vous êtes appelés à la li- berté, (i)

On peut juger de l’effet de ce discours sur un auditoire dominé des mêmes passions, du même esprit que l’orateur. Une couronne civique, for- mée sur-le-champ par l’enthousiasme de ses audi- teurs, couvrit sa tête au milieu des applaudis- semens : un héraut la porta devant lui jusqu’à l’hotel-de-ville, où il se rendait, entouré de tous les officiers du district, entre deux compagnies qui marchaient tambour battant et enseignes dé- ployées. Image de la pompe et du cortège qui, plus d’une fois dans les pays libres et chez les anciens peuples, attestaient ou récompensaient le triomphe ou le service de l’éloquence.

C’était un moment bien remarquable dans l’his- toire de nos mœurs, que celui où la louange publique, jusqu’alors réservée parmi nous aux rangs, aux noms, aux places ou à la naissance, était décernée à des ictimes inconnues, à des hommes obscurs, dont le plus grand nombre était re\êtu, dont même il était à peine couvert, des livrées de l’indigence ; c’était arracher à l’or- gueil celui de ses privilèges exclusifs auquel il était le plus attaché ; c’était d’avance mettre le peuple en possession de cette égalité décrétée

(i) Vos enim ad liberCatem vocati estis. S. Paux.