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subite aux approches de la mort inspire un cou- rage forcené, se défendre contre tous, tomber foulé aux pieds de la multitude, et le moment après sa tète hideuse et sanglante s’élever en l’air au milieu des cris d’une allégresse féroce et en- core mal assouvie. Cet horrible trophée fut bien- tôt sui i de plusieurs autres de la même e pèce ; des officiers de la garnison de la Bastille, dénon- cés par leur uniforme, eurent le même sort. Quel- ques-uns cependant ne méritaient d’autre reproche que celui d’avoir servi le despotisme dans un em- ploi trop indigne de leur courage. Plusieurs ci- toyens employés à la lîastille donnèrent alors des preuves d\m patriotisme aussi éclaii’é que coura- geux. Tel est M. Vieîh de Yarennes, ancien ingé- nieur des ponts et chaussées, qui, au péril de sa vie, blessé dangereusement, parvint à sauver ]M. Clouet, régisseur des poudres. Un individu moins heureux emporta les regrets de tous ceux qui l’avaient connu. C’était l’honnête Losme-Sol- brai, celui qui, le matin même, avait engagé le gouverneur à recevoir ]M. de la Rosière dans l’in- térieur de la Bastille. Il était, depuis vingt ans, l’ami, le consolateur des prisonniers ; sa douceur, sa générosité, égalaient la dureté et l’avarice de Launay. Pourquoi faut-il que le hasard singulier, qui, dans ce moment, vint dénoncer ses vertus, n’ait pas eu l’effet qu’il devait produire, et ne soit pas devenu la sauve-garde de ce vénérable mili- taire ? Déjà entouré d’une multitude que la vue