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osèrent arbitrairement se confondre avec elle, et parcoururent différentes salles et cabinets. Un deux, ayant vu le bouclier d’argent de Scipion l’Africain, voulut s’en emparer; tentative dont il fut châtié sur-le-champ. « Veux-tu, lui dirent ses camarades, nous faire prendre pour des voleurs ? » Il s’excusa, en représentant que le bouclier était une arme défensive, quoiqu’il fût d’argent : l’excuse fut agréée; mais le bouclier de Scipion fut remis à sa place, où il resta, malgré le péril où le Garde-Meuble fut exposé par les visites de quatre ou cinq compagnies qui se succédèrent jusqu’à dix heures du soir.

La dernière de ces visites fut la plus périlleuse. Les approches de la nuit fav<jrisant les mauvais desseins de quelques brigands mêlés dans la foule, il fut question, pour cette fois, de brûler la maison, sous prétexte qu’elle appartenait au roi, comme toutes les richesses qu’elle renfermait. Déjà des scélérats applaudissaient à cette idée, lorsqu’un malheureux, presque nu, s’écria d’une voix sonore; Non, non; et* demandant du silence ajouta : Tout est à la nation. Ces derniers mots furent répétés généralement par la troupe, et sauvèrent la maison, qu’un incident nouveau préserva tout-à-coup de tout danger. On annonça que des dragons accouraient pour sa garde. La frayeur se répandit parmi les assistans, qui prirent la fuite et disparurent. Les habitans de l’hôtel, enfin rassuré-,, regardèrent comme lui bonheur inoui d’avoir sauvé leurs propriétés particulieres,