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2l4 OEUVRES

déclare ce dont il s’agit. «Soldats, répond il, allez dire à vos camarades que je vais y aller tout à l’heure et tout seul. »La réponse vole : on n’y croit pas; on s’obstine à penser que si le général se porte vers eux, il va y venir en forces. Il s’habille, il monte à cheval; il arrive tranquillement seul au milieu de cette troupe de furieux, confondus de son calme intrépide. A cet aspect inattendu, ils

se taisent. Il parle « Me voilà seul ; osez ! Que

» ceux qui ne veulent pas servir la liberté prennent » des cartouches de M. de Mathan ; ils appar- » tiennent à l’ancien régime : que ceux qui, fi- » dèles à la patrie, veulent des congés pour un » temps et revenir ensuite sous les drapeaux de la » révolution, se présentent à huit heures à l’hôtel- » de-ville ; ils en auront de moi. Adieu. » C’est un

brave homme î Les applaudissemens partent,

se communiquent ; tous les cœurs sont à lui. Le général s’en retourne comblé d’éloges, et eux- mêmes se retirent en paix. L’idée d’un grand cou- rage ne pou\ ait manquer de saisir les gardes-fran- çaises ; et dès-lors les voilà rendus à eux-mêmes et à la patrie.