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impositions, (.léclaré qu’elles étaient toutes illé- gales, et qu’elles ne seraient perçues dans ls formes existantes, que jusqu’à la première sépa- ration de l’assemblée nationale, quelle que fût là cause de cette séparation. C’était couper à la fois tous les nerfs du despotisme, dans un temps où le peuple, surchargé d’impôts, accablé de toutes les calamités réunies, était affligé d’une disette de grains, qu’il imputait au gouvernement encore plus qu’à la nature.

Un autre article de cet arrêté mémorable met- tait la dette publique sous la protection de la loyauté française. On attachait ainsi, on dévouait à la cause nationale la classe immense des créan- ciers de l’état, que leurs préjugés, leurs habi- tudes et leurs intérêts mal conçus avaient rendus jusiqu’alors partisans et soutiens du despotisme.

Qu’on se représente, s’il est possible, à la nouvelle de cet arrêté, la surprise et la terreur de tous ceux qui jusqu’alors n’avaient vu dans le peuple français qu’un assemblage d’hommes nés pour la servitude. Ce fut en ce moment que les ennemis du peuple eiirent recours aux mesures les plus violentes. Maîtres de la personne du roi, ils le reléguèrent en quelque sorte à Marly, et l’entourèrent suivant leurs convenances ; ils le rendirent invisible, inaccessible connue un sultan d’Asie ; ils mirent entre lui et la nation une bar- rière que ni la nation ni la vérité ne pouvaient franchir, et que lui-même n’aurait pu renverser.