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maximes d’une philosophie générale, il s’en était depuis peu formé ime autre, non moins nom- breuse, d’hommes occupés des afûiires publiques, encore plus par goùî que par intérêt. M. Necker, en publiant, après sa disgrâce, son compte rendu, et, quelques années après, son ouvrage sur l’ad- ministration des finances, avait donné au public des instructions que jusqu’alors on avait pris soin de lui cacher. Il avait formé en quelque sorte une école d’administrateurs théoriciens, quidevenaient les juges des administrateurs actifs; et parmi ces juges, alors si redoutables pour son rival, il s’en est trouvé plusieurs qui, quelque temps après, le sont devenus pour lui-même.

M. de Calonne fut renvoyé : une intrigue de cour, habilement tramée, mit à sa place son en- nemi, l’archevêque de Sens, qui, avant d’être mi- nistre, passait pour propre au ministère. C’était sur-tout celui des finances qu’il desirait, et c’était celui dont il èu it le plus incapable. Il porta dans sa place les idées avac lesquelles, trente ans plus tôt, on pouvait gouverner la France, et avec les- quelles il ne pouvait alors que se rendre ridicule. Il s’était servi des parlemens pour perdre IM. de Caionne ; et ensuite, sur le refus d’enregistrer des édits modelés -ur ceux de son prédécesseur, dont il s’appropriait les plans comme luie partie de sa dépouille, il exila les parlemens. La nation, qui, sans les aimer, les regardait comme la seule barrière qui lui restât contre le despotisme, leur