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n’eut guère une meilleure destinée. Samson, le père de la géographie, allait, à soixante-dix ans, faire des leçons à pied pour vivre. Tout le monde sait la destinée des Duryer, Tristan, Maynard, et de tant d’autres. Corneille manquait de bouillon à sa dernière maladie. La Fontaine n’était guère mieux. Si Racine, Boileau, Molière et Quinault eurent un sort plus heureux, c’est que leurs talens étaient consacrés au roi plus particulièrement. L’abbé de Longuerue, qui rapporte et rapproche plusieurs de ces anecdotes sur le triste sort des hommes de lettres illustres en France, ajoute : « C’est ainsi qu’on en a toujours usé dans ce misérable pays. » Cette liste si célèbre des gens de lettres que le roi voulait pensionner, et qui fut présentée à Colbert, était l’ouvrage de Chapelain, Perrault, Talmand, l’abbé Gallois, qui omirent ceux de leurs confrères qu’ils haïssaient ; tandis qu’ils y placèrent les noms de plusieurs savans étrangers, sachant très-bien que le roi et le ministre seraient plus flattés de se faire louer à quatre cents lieues de Paris.


CHAPITRE VIII.

De l’Esclavage et de la Liberté de la France, avant et depuis la Révolution


On s’est beaucoup moqué de ceux qui parlaient, avec enthousiasme, de l’état sauvage en opposition