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suivis par presque tous les souverains de l’Europe, presque partout, hors en France ; dont il suit que la prospérité des étrangers augmentant leur puissance, tandis que la France reste aux mêmes termes, conserve ses abus, etc., elle finira par être dans l’état d’infériorité, relativement aux autres puissances ; et c’est évidemment la faute des philosophes. On sait, à ce sujet, la réponse du duc de Toscane à un Français, à propos des heureuses innovations faites par lui dans ses états : « Vous me louez trop à cet égard, disait-il ; j’ai pris toutes mes idées dans vos livres français. »

— J’ai vu à Anvers, dans une des principales églises, le tombeau du célèbre imprimeur Plantin, orné de tableaux superbes, ouvrages de Rubens, et consacrés à sa mémoire. Je me suis rappelé, à cette vue, que les Étienne (Henri et Robert) qui, par leur érudition grecque et latine, ont rendu les plus grands services aux lettres, traînèrent en France une vieillesse misérable ; et que Charles Étienne, leur successeur, mourut à l’hôpital, après avoir contribué, presqu’autant qu’eux, aux progrès de la littérature. Je me suis rappelé qu’André Duchêne, qu’on peut regarder comme le père de l’histoire de France, fut chassé de Paris par la misère, et réduit à se réfugier dans une petite ferme qu’il avait en Champagne ; il se tua, en tombant du haut d’une charrette chargée de foin, à une hauteur immense. Adrien de Valois, créateur de l’histoire métallique,