Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t1.djvu/285

Cette page n’a pas encore été corrigée

DE CîIAMFOrLT. 201

vains en prose, est-il vrai que Bossiiet , Fléchier y Fénéion , Massillon , appelés par leurs talens aux premières ciisjoités de l'église , avaient besoin de ce faible aiguillon , pour remplir la destinée de leur génie? Dans cette liste des seuls vrais grands écrivains du siècle de Louis xiv, nous n'avons omis que le philosophe La Bruyère, qui sans doute ne pensa pas plus à l'académie , en composant ses Caractères , que La Rochefaucault en écrivant ses Maximes. Nous ne parlons pas de ceux à qui cette idée fut toujours étrangère : Pascal , Nicole , Ar- naud , Bourdaloue, Mallebranche, que leurs ha- bitudes ou leur état en écartaient absolument. Il est inutile d'ajouter, à cette liste de noms si res- pectables, plusieurs noms profanes, mais célèbres, tels que ceux de Dufresny , Lesage et quelques autres poètes comiques, qui n'ont jamais prétendu à ce singulier honneur , ne l'ayant pas vu du côté plaisant, quoiqu'ils en fussent bien les maîtres.

Après avoir éclairci des idées dont la confusion faisait attribuer à l'existence d'un corps la gloire de ses plus illustres membres, examinons l'acadé- mie dans ce qui la constitue comme corporation, c'est-à-dire, dans ses travaux, dans ses fonctions, et dans l'esprit général qui en résulte.

Le premier et le plus important de ses travaux est son dictionnaire. On sait combien il est mé- diocre, incomplet , insuffisant; combien il indigne tous les gens de goût; combien il révoltait surtout Voltaire qui , dans le court espace qu'il passa dans

��\

�� �