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lie qui a mérité cette gloire ; tandis que la France^ depuis quatre siècles, languit, faible et malheu- reuse , sous une autorité incertaine , avilie ou combattue, sans lois, sans mœurs, sans lettres, ces lettres tant recommandées par la chevalerie!... Ici , messieurs , vous pourriez éprouver quelque surprise ; vous pourriez penser, sur la foi d'une opinion trop répandue, qu'il était réservé à nos jours de voir la noblesse française unir les armes et les lettres, et associer la gloire à la gloire: cette réunion remonte à forigine de la chevalerie; c'était le devoir de tout chevalier , et une suite de la per- fection à laquelle étaient appelés ses prosélytes. Et qui croirait qu'exigeant la culture de l'esprit ^ même dans les amusemens les plus ordinaires, la chevalerie n'alliait aux exercices du corps que les jeux qui occupent ou développent l'intelli- gence, et proscrivait surtout ces jeux d'où l'esprit s'absente , poin- laisser régner le hasard ? Quelle est donc l'époque qui devint le terme de cette es- time pour les lettres, et la chanj^ea même en mépris? Ce fut le moment où les subtilités épi- neuses de l'école héi'issèrcnt toutes les branches de la littérature; et vous conviendrez, messieurs, que l'instant du dédain ne pouvait être mieux choisi. Encore se trouvait-il plusieurs chevaliers fervens qui s'élevaient avec force contre cette or- gueilleuse négligence des anciennes lois. C'était surtout un vrai scandale pour le zélé et discret Boucicaut, comme on le voit par le recueil de ses'

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