Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t1.djvu/110

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de troubles, ne se déclareraient pas ouvertement pour un des partis : son objet était de tirer l’homme de bien d’une inaction funeste, de le jeter au milieu des factieux, et de sauver la république par l’ascendant de la vertu.

Il paraît bien dur de blâmer la chauve-souris de s’être tirée d’affaire par un trait d’esprit et d’habileté, qui même ne fait point de mal à son ennemie la belette ; mais La Fontaine a tort d’en tirer la conclusion qu’il en tire.

Il y a des questions sur lesquelles la morale reste muette et ne peut rien décider. C’est ce que l’Aréopage donna bien à entendre dans une cause délicate et embarrassante dont le jugement lui fut renvoyé. Le tribunal ordonna, sans rien prononcer, que les deux parties eussent à comparaître de nouveau dans cent ans.

FABLE IV.

V. 1. Flèche empennée. Le mot empennée n’est point resté dans la langue ; c’est que nous avons celui d’emplumée, que l’auteur aurait aussi bien fait d’employer.

V. 9. Des enfans de Japet, etc. La Fontaine se contente d’indiquer d’un seul mot le point d’où sont partis tous les maux de l’humanité.

FABLE VII.

Cette fable, très-remarquable par la leçon qu’elle donne, ne l’est, dans son exécution, que par son élégante simplicité.

La morale de cet Apologue est si évidente, que le goût ordonnait peut-être de ne pas y joindre d’affabulation ; c’est le nom qu’on donne à l’explication que l’auteur fait de sa fable.

FABLE VIII.

Cette fable est une des plus heureuses et des mieux tournées.

V. 19. Ses œufs, ses tendres œufs, etc. Il semble que l’âme de La Fontaine n’attend que les occasions de s’ouvrir à tout ce qui peut être intéressant. Ce vers est d’une sensibilité si douce, qu’il fait plaindre l’aigle, malgré le rôle odieux qu’il joue dans cette fable.