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vers, La Fontaine, en ne faisant que se livrer au courant de sa narration, a pris tous les tons, celui de la poésie la plus gracieuse, la plus élevée : on ne craindra pas d’affirmer qu’à l’époque où cette fable parut, il n’y avait rien de ce ton là dans notre langue. Quelques autres fables, comme celle des animaux malades de la peste, présentent peut-être des leçons plus importantes, offrent des vérités qui ont plus d’étendue, mais il n’y en a pas d’une exécution plus facile.


LIVRE DEUXIÈME.

FABLE IV.

V. 10. Il ne régnera plus, etc. Voici encore un exemple de l’artifice et du naturel avec lequel La Fontaine passe du ton le plus simple à celui de la haute poésie. Avec quelle grâce il revient au style familier, dans les vers suivans :

V. 13 ..... Il faudra qu’on pâtisse
V. 13. Du combat qu’a causé madame la génisse.

Madame : mot qui donne de l’importance à la génisse. Ce vers rappelle celui de Virgile (Géorg. liv. 3) : Pascitur in magnâ silvâ formosa juvenea.

FABLE V.

Cette fable est très-jolie : on ne peut en blâmer que la morale.

V. 33. Le sage dit, selon les gens,
V. 33. Vive le roi ! vive la ligue !

Ce n’est point le sage qui dit cela : c’est le fourbe, et même le fourbe impudent. Quel parti devait donc prendre La Fontaine ? Celui de ne pas donner de morale du tout.

Solon décerna des peines contre les citoyens qui, dans un temps