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trouvais dans ce cœur d’ami tant d’accueil et de sympathie ? »

Hans de Bülow présente un contraste frappant avec Uhlig, plusencove par son caractère que par ses talents ; chez lui, la même réceptivité intuitive s’unissait à un tempérament à la fois bilieux et sanguin, et à une énergie infatigable et agressive. Aussi ses dons, plus grands au fond que ceux d’Uhlig et mis en relief par des aptitudes musicales vraiment exceptionnelles, arrivèrent-ils à se faire mieux valoir. Bülow fut bien un de ces hommes trop rares qui, en donnant tout ce qui est en eux, sans qu’il en reste plus rien, se montrent par là apparentés au génie. Lorsque, peu après 1850, cet homme extraordinaire vint à Zurich, on devine combien Wagner en tira d’encouragement et de joie. Bùlow est sans doute le seul qui ait pu s’enorgueillir à bon droit du titre « d’élève de Wagner », car, au théâtre de Zurich, il développa ses hautes capacités comme chef d’orchestre grâce aux continuels conseils du maître, et, plus tard, à Munich, il les employa à son service ; de plus, il ne cessa d’agir pour lui, de vive voix et par écrit, aussi bien que par son travail artistique.

Il était nécessaire de mentionner ces amitiés, car à l’intensité de leur dévouement on peut mesurer le charme et la puissance du grand homme, et elles nous font pénétrer plus avant dans sa personnalité que n’y parviendraient tous les essais de description que l’on pourrait tenter. L’affection d’un Franz Liszt, la fidélité d’une Mme  Ritter, le dévouement absolu d’un Theodor Uhlig, le zèle fougueux d’un Hans de Bülow complètent ce que nous apprenons de Wagner par lui-même ; pour la claire connaissance de ce qu’il était en réalité, ce sont là, certes, des « documents », qui méritaient bien