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« triomphe », comme l’appelle la presse du temps. Wagner, cependant, par suite de deux décès dans le personnel de la direction musicale, avait dû prendre lui-même le bâton de chef d’orchestre, ce qui avait mis en relief les dons exceptionnels qu’il possédait dans ce genre d’emploi. Le 1er février 1843, il fut nommé maître de la chapelle royale. Il remplit ces fonctions jusqu’au 9 mai 1849, date à laquelle, accusé d’avoir pris part à l’insurrection de Dresde, il dut s’enfuir et s’expatrier.

Aussitôt après la nomination du nouveau Kapellmeister, d’ailleurs, une réaction commença à se produire dans l’esprit public. Les critiques attitrés ne pouvaient prendre sur eux de sanctionner une gloire dont ils n’avaient pas été les hérauts, et dont l’éclatante aurore ne leur était pas due. Entraînés malgré eux par l’étourdissant succès de Rienzi, ils avaient, lors de l’exécution du Vaisseau Fantôme, repris déjà possession d’eux-mêmes ; et ils commencèrent à éplucher l’œuvre nouvelle avec tant d’âpreté, que l’intendance, intimidée, la retira après la quatrième représentation ; elle ne devait être reprise qu’après un intervalle de vingt-deux ans ! Et lorsqu’ensuite Wagner, se jetant avec ardeur dans ses nouvelles fonctions, interprétait Mozart en nuances pleines de vie, au lieu de le découper à la manière classique ; lorsque reprenant l’lphigénie en Aulide de Gluck, il en composait une version entièrement nouvelle, mais respectueuse de l’accentuation de l’œuvre originale, version qui donnait à la pièce, la solution naguère désirée par Schiller ; lorsque son interprétation de la musique de Weber faisait dire à la veuve de celui-ci que, pour la première fois depuis sa mort, elle entendait cette musique rendue comme elle devait l’être ; lorsque, en 1845, il sortait déjà, avec