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lement sentir que quand, entraînés par la nécessité de l’évolution musicale, ils se tournèrent vers le drame. Combien différents eussent été les sujets traités par un Mozart, si son horizon eût été élargi par une éducation plus générale que celle qu’il avait reçue ! De quelle autorité n’eût-il pas montré la voie à ses misérables librettistes, même à supposer que leurs services lui fussent restés nécessaires !

L’éducation de Wagner, tout au contraire, a été sensiblement la même que celle, par exemple, de Gœthe ou de Schiller. Après le second mariage de sa mère, la famille se transporta à Dresde, où Geyer avait un engagement ; elle revint à Leipzig après la mort de ce dernier. À Dresde, Wagner fréquenta une école renommée, la Kreuzschule ; à Leipzig, le collège Nicolaï. À sa sortie de ce dernier, il prit ses inscriptions à l’Université, comme étudiant en musique et en philosophie. Ce plan d’études n’est pas, je le veux bien, tout ce qu’il faut pour faire un savant, mais il suffit du moins à une culture générale sérieuse. Il présente, en outre, ceci d’intéressant, que Wagner, qui n’était pas du reste un enfant prodige, fit preuve, dès son entrée à l’école, de dispositions exceptionnelles pour les langues anciennes. Ses maîtres le désignaient déjà comme un futur philologue. Il avait, en tout cas, le sens profond de l’expression parlée ou écrite. Cet amour pour l’antiquité classique, tout particulièrement vif pour la langue des Grecs et pour leur poésie, mais s’étendant aussi à l’étude des autres langues, Wagner y resta fidèle toute sa vie. Quiconque aura l’occasion de visiter les richesses de la bibliothèque de Wahnfried — ce témoin muet, mais irrécusable, de l’universalité encyclopédique des lectures du maître, et des innombrables curiosités de son esprit — ne manquera pas