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pas aussi docilement soumise à toutes les intentions du maître que sut le faire, en si large mesure, la vive intelligence de Hans Richter. Non, certes, on ne saurait prétendre séparer ces artistes de l’ensemble auquel chacun d’eux s’adapta si harmonieusement et dans lequel leurs concours, obéissant au moindre signe du maître, rendit possible ce qui fut et reste un geste historique dans l’histoire de l’art.

Le lecteur trouvera des détails circonstanciés sur les Festspiele de 1882, où Parsifal fut représenté pour la première fois, dans l’article de Wagner sur le Festspiele de Bayreuth en 1882. La victoire dès lors remportée par les œuvres de Wagner sur de nombreuses scènes, le fait que l’Anneau du Nibelung, représenté par la presse comme une monstruosité et une impossibilité, était devenu un triomphe européen, avaient déjà considérablement modifié l’opinion ; et la presse elle-même se voyait forcée de changer de tactique. Je pourrais donner ici le nom d’un pamphlétaire, qui, tant en 1861 qu’en 1876, avait participé à l’œuvre de destruction et qui, en 1882, sollicitait une entrée libre comme « partisan de Wagner ! » Adhésions suspectes… c’était troquer les ennemis avoués contre des faux amis. L’histoire ultérieure de Bayreuth a bien montré ce qu’il faut penser de ces derniers ; Wagner, lui, fut proclamé génie, et la guerre désormais, se poursuivit contre son théâtre, cet héritage du maître, contre ce patrimoine qu’il voulait « laisser au plus profond de nos cœurs », contre Bayreuth enfin, car ce nom dit et résume tout. C’est à peine si le maître survécut à ce changement de l’opinion. Il mourut à la veille de la victoire de Bayreuth, de cette victoire complète, si l’on veut, mais encore bien loin d’être affermie.

Et encore ici, chez une grande partie des artistes