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ses sœurs aussi, Rosalie, née en 1803, Louise, née en 1805, et Clara, née en 1807, s’étaient vouées à la scène ; enfin, les amis les plus fidèles et les plus dévoués de la famille, ceux qui firent preuve à son égard d’un véritable esprit de sacrifice, étaient tous des confrères de Ludwig Geyer.

Ainsi l’impression première, spéciale, déterminante, celle dont sa vie à venir devait garder la marque, Wagner l’avait reçue d’un contact intime, journalier et constant, avec le théâtre, dès les premiers jours de son enfance.

Il y a une seconde particularité, peut-être moins frappante, mais dont il ne faudrait pas se dissimuler l’importance : c’est que, parmi les compositeurs dont la grandeur est indiscutée, Wagner est le premier qui ait reçu une éducation classique sérieuse et approfondie.

L’assimilation de tout ce qui constitue la partie technique de son art est, pour le musicien, si indispensable, que presque tous les grands compositeurs sont fils d’artistes qui ont dû, de très bonne heure, diriger en ce sens l’éducation de leurs enfants, en sacrifiant tout le reste à l’acquisition de l’habileté technique. Sans elle, sans cette laborieuse maturation de la virtuosité, commencée et entreprise dès les premières années, l’élève n’arriverait jamais ni à s’en faire un gagnepain, ni à se faire accepter d’un public justement difficile. Personne, il est vrai, ne songerait à déprécier un Bach, un Mozart, un Beethoven, en leur faisant un crime de l’éducation trop spécialisée qui leur échut en partage. Et cependant, il faut le dire, ce développement trop exclusivement musical restait et les laissait en dehors de la plus haute culture de leur nation et de leur époque. Jamais cette limitation ne se fit plus cruel-