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d’Allemagne, Wilhelmi à leur tête, étaient à l’orchestre, les soli furent chantés par Niemann, Betz, Johanna, Jachmann-Wagner et Marie Lehmann ; c’étaient les sociétés de chant de Riedel, de Stern et de Rebling, les meilleures de l’Allemagne, à qui étaient confiés les chœurs ; le grand maître allemand, Wagner lui-même, dirigeait. Ce fut sous ces dignes auspices que fut posée la pierre sur laquelle le Festspielhaus devait s’élever.

Ce qui tendit à rendre très difficiles l’érection du « Festspielhaus » et l’exécution des Festspiele, ce fut le principe, dont jamais le maître ne voulut se départir : que les « amis cocréateurs » étaient les seuls qui dussent être admis à participer à l’œuvre. Avant même que les arrangements définitifs avec la ville de Bayreuth fussent arrêtés, Wagner écrivait à un ami qui y résidait : « Il ne faudra pas perdre de vue qu’il ne s’agit point ici d’une entreprise théâtrale faite pour en tirer de l’argent ; personne ne saurait y être admis en payant son entrée. » Il fallait enrôler des patrons, ce qu’il appelait des « amis cocréateurs » ; il suffisait de trouver mille hommes de bonne volonté dont chacun s’engagât à verser la somme de 300 thalers, non tout à la fois, mais dans l’espace de quelques années ; après deux ans écoulés, 240 diplômes de « patronat » seulement avaient été délivrés, donc moins du quart du nombre requis, et au prix de quels efforts ! Le Khédive d’Égypte, qui envoya 10.000 marcs, fut de beaucoup le plus généreux souscripteur aux Festspiele allemands ! Qu’il me soit permis de citer un petit fait qui montre combien peu d’intérêt éveilla cette œuvre de Wagner, si grande, si glorieuse pour l’esprit allemand : un Rapport et Appel, rédigé à la demande des sociétés wagnériennes (Wagner-Vereine) fut expé-