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Et pour en avoir fini du coup avec ces indications, j’ajouterai que M. Glasenapp, déjà très complet sur ce sujet dans les premières éditions de sa biographie de Wagner, n’omettra sans doute pas le moindre détail dans la nouvelle, considérablement augmentée, qu’il prépare. De mon côté, ne faisant pas œuvre de chroniqueur, je n’ai que peu de choses à ajouter.

Le pose de la première pierre du Festspielhaus de Bayreuth eut lieu le 22 mai 1872. De toutes les parties de l’Allemagne, des centaines d’artistes étaient accourus.

Dans son discours, Wagner dit : « Si j’ai la confiance de mener à bien l’entreprise artistique ainsi commencée, c’est que j’y suis encouragé par une espérance sortie de mon désespoir même. Je crois en l’esprit allemand, et compte qu’il se révélera même dans les domaines de notre vie nationale dans lesquels, comme dans la vie de notre art public, il se montrait à peine, et sous de lamentables déformations. Je crois avant et par dessus tout en l’esprit de la musique allemande, parce que je sais les flammes qu’il jette chez nos artistes, sitôt que l’appel d’un maître allemand les évoque ; je crois aux acteurs et aux chanteurs, parce que je connais, par expérience, la vie nouvelle qui les transfigure, sitôt qu’un maître allemand les ramène des vaines façons d’un art frivole et dégénéré à la vraie dignité de leur si importante vocation. Je crois en nos artistes, et puis le proclamer bien haut en ce jour, qui, à mon seul mais cordial appel, réunit autour de moi une foule choisie d’entre eux, accourue des régions les plus diverses de notre patrie : si ceux-ci se joignent, pleins d’une allégresse désintéressée, à l’exécution de cette œuvre d’art, la IXe Symphonie de notre grand Beethoven, et entonnent ainsi comme un hymne inau-