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Les parties purement musicales des Fées sont spécialement dignes de remarque ; l’ouverture est construite avec les motifs dramatiques les plus importants, et pénétrée, d’un bout à l’autre, du véritable esprit de Wagner ; l’introduction du second acte rappelle, par le souffle orageux de passion qui y règne, et par les thèmes significatifs, des compositions bien postérieures, par exemple l’introduction au second acte de la Valkyrie ; l’introduction au troisième acte (danse de victoire), quoique moins importante, a déjà quelque chose de cette coloration si pleine de vie et de cette expression noble et fière, que Wagner appliqua souvent, plus tard, à la peinture des sentiments d’élévation et de majesté, par exemple dans Rienzi, dans Tannhäuser, dans la marche dite Hommage au roi Louis II, etc. Par contre, on ne saurait nier que l’imitation de modèles étrangers, ou tout au moins l’influence, peut-être à demi inconsciente, de maîtres qui l’avaient impressionné, effacent à tout moment l’individualité du compositeur, jusqu’à la rendre méconnaissable. Il n’y aurait là, en soi, rien de particulièrement étonnant ; mais il est aussi intéressant que significatif, pour l’étude du développement artistique de Wagner, de signaler que le jeune auteur ne se rattache point à tel ou tel maître seul, à telle ou telle école, mais connaît tout ce qu’il y a partout de mieux, s’en rend maître, et, selon le caractère de son propre poème qu’il interprète, s’abandonne à l’impression des styles les plus différents. Il dit lui-même de la musique de la Défense d’aimer, qu’elle est née sous l’influence des Français du temps (en particulier d’Auber), ainsi que sous celle des Italiens ; par contre, des Fées, composées presque simultanément, il déclare : « C’est sous l’impression qu’avaient faite sur moi Beethoven, Weber