Page:Chamberlain - Richard Wagner, sa vie et ses œuvres, 1900.djvu/221

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de Wagner, en ce qui concerne la régénération.

De même, dès le début, nous trouvons chez lui une autre notion, qui fleure le pessimisme, et qui fait contrepoids à la première : la notion de nécessité !

J’ai déjà montré, en traitant de la philosophie de Wagner, combien, dans ses premiers écrits, la manière dont il insiste sur « la nécessité fatale » (spontanée, involontaire, unwillkührlich) fait penser à la Volonté de Schopenhauer. Le maître lui-même, a conçu ce qu’il appelait autrefois la fatalité (unwillkühr) comme tellement identique à la Volonté de Schopenhauer, qu’il ne s’est pas donné la peine de corriger son texte dans les éditions subséquentes, mais s’est borné à signaler une fois pour toutes, dans une préface, cette concordance de termes. Cette notion de nécessité, pour lui, embrasse, comme la Volonté de Schopenhauer, tout l’ensemble des phénomènes : la nature « engendre et forme par nécessité », et chez l’homme aussi, « c’est la seule pression du besoin, qui nous détermine à créer des actes et des gestes dignes d’être créés ». Et la conséquence logique en est claire : c’est que « la vie est ce qui est immédiat, ce qui se détermine soi-même », et la science, « la justification de l’inconscient… la résolution de la fatalité dans le vouloir de ce qui est nécessaire ».

Un peu de réflexion prouvera à chacun qu’une « régénération » ne trouve pas sa place dans une conception fataliste de la nature. Celle-ci a formé tout ce qui est, par nécessité, et la sagesse consiste à « vouloir le nécessaire ». Chez Schopenhauer, il ne saurait être question de régénération, puisque le mot de « déchéance » n’aurait aucun sens dans son système, et n’est jamais prononcé par lui. Tenter de prouver le progrès, c’est, sans doute, selon lui, se livrer à « une