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et il inaugurait la lutte contre tout ce qui restait d’antigermanique dans le cœur de son peuple, et dans l’art allemand. Je montrerai, dans un prochain chapitre, comme quoi il ne faillit jamais à cette conviction profonde, une fois acquise, et combien il eut, pour elle, à combattre, à souffrir. De ce moment, il se fit le champion obstiné du germanisme, non seulement à l’encontre de l’influence juive, mais à l’encontre de toute influence étrangère ou anti-allemande.


III


Pour exposer les vues du grand Allemand qu’était Wagner sur l’État et la Société, et pour le faire de la façon la plus nette et la plus convaincante possible, je dois signaler d’abord deux antinomies fondamentales, qui se retrouvent partout dans sa pensée politique ; tout le reste n’en sera que la conséquence nécessaire, et ce qui semble opposé dans le détail n’apparaîtra plus comme déconcertant, mais bien plutôt comme naturel, non comme une conséquence, mais comme un effet de l’unité organique des choses, telle qu’elle se révélait à l’œil de l’artiste et à sa sensibilité particulière.

1. La royauté est encore et toujours, pour Wagner, le point central indispensable de toute organisation politique, et cela sous la forme du gouvernement d’un seul : mais en même temps, il ne se lasse pas de réclamer, pour l’individu, une liberté aussi illimitée que possible. Cette première antinomie peut donc se formuler ainsi : une royauté absolue, un peuple libre.

2. La religion est, d’après Wagner, à la vie intérieure, ce que la royauté est à la vie extérieure ; même