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sa solitude de Bayreuth, le maître attendait, attendait toujours ; l’Allemagne n’avait que faire du plus grand de ses fils… Ce fut seulement lorsque la nouvelle œuvre de Wagner, Parsifal, annoncée pour un très prochain avenir, amena un regain de curiosité, que l’intérêt se réveilla quelque peu. À l’aide d’un petit capital, amassé péniblement pendant six longues années, capital dû cette fois encore, pour la plus grande partie, à la libéralité de quelques-uns, parmi lesquels, en première ligne, le généreux Hans de Bülow, le maître put enfin, en 1882, mettre à la scène et faire exécuter son Parsifal. Bien que peu brillant au point de vue financier, le résultat de ce deuxième Festspiel n’absorba pas complètement ce capital, et avec le reliquat on organisa une caisse, qui constitue, aujourd’hui encore, le fonds affecté aux représentations solennelles de Bayreuth. Comme aussi un revirement d’opinion commençait, lentement mais distinctement, à se faire dans les cercles amis des arts, on put annoncer la reprise des Festspiele pour l’année suivante, cette fois sans patronat ; le maître en avait demandé la dissolution. Hélas ! il ne devait pas assister à cette troisième solennité. Bien que son esprit parût avoir encore toute la vigueur de jadis, et que, physiquement, il semblât être resté aussi fort et aussi agile qu’un jeune homme, les privations et les luttes d’une existence entière n’en avaient pas moins miné sa santé ; la douleur profonde qu’il avait ressentie en voyant incompris ce « Bayreuth » qui lui avait coûté tant d’efforts, contribua à hâter le terme de sa vie. Dès 1879, il se vit obligé à passer les hivers en Italie ; là, à Venise, une apoplexie du cœur l’emporta le 13 février 1883. Sa fin fut digne de sa vie : la mort le surprit en plein travail.

C’est après mûre considération que j’ai renvoyé au