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de Liszt n’en méritent que plus d’éloges ; mais s’il fallait réserver le titre d’amis à ceux-là seuls qui comprennent un homme « comme son âme elle-même », le roi Louis aurait été le premier, et presque le seul ami de Wagner. Ce dernier l’a bien dit dans un discours prononcé en 1872 : « Ce que ce roi est pour moi dépasse de beaucoup mon existence ; ce qu’il a cherché et voulu en moi et avec moi représente un avenir plein de glorieuses promesses, un avenir qui embrasse bien autre chose que ce qu’on entend ordinairement par vie sociale et politique. Une haute culture intellectuelle, une orientation vers les plus nobles destinées dont une nation soit capable, voilà ce qu’expriment et représentent les rapports entre lui et moi. »

Quant à la représentation de Tristan et Iseult, le 10 juin 1865, représentation « plus merveilleuse », dit Wagner, « que quoi que ce soit qui l’eût précédée », je ne saurais, ici, en parler longuement. Ce lui fut la première occasion d’expérience pratique, la première épreuve de ce qu’il avait toujours affirmé : la valeur intrinsèque d’une exécution parfaite, et l’effet extraordinaire et bienfaisant que devait produire une véritable solennité artistique, sortant de la périodicité routinière du répertoire ; puis, qu’on s’en souvienne, c’était la première représentation d’une des œuvres de sa maturité, de cette seconde phase de sa vie où, en « pleine conscience », il créa une nouvelle forme dramatique, celle qui a gardé son nom, le drame lyrique wagnérien.

On lit, dans les invitations lancées par le maître à l’occasion de ces représentations :

« Ces représentations doivent être considérées comme des fêtes artistiques, auxquelles j’ose convier, de près et de loin, tous les amis de mon art ; par là, elles se distinguent du caractère ordinaire