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31 mars 1865, Wagner avait présenté au roi son rapport circonstancié sur la création, à Munich, d’une école de musique[1], et la commission, à laquelle l’exécution de ce projet était confiée, avait commencé ses travaux en avril. Gottfried Semper, un des rares architectes de génie que le siècle ait produits, et l’un des plus anciens amis de Wagner, était aussi arrivé à Munich. Le roi l’avait chargé de la construction d’un Festspielhaus monumental, et, pour ne pas perdre de temps, on avait décidé l’aménagement provisoire d’un autre bâtiment. Il importe, d’ailleurs, d’observer que les travaux que nous venons d’énumérer sont loin de représenter toute a fiévreuse activité que Wagner déploya pendant ces dix-neuf mois : en 1864, parut l’un de ses écrits les plus importants, L’État et la Religion, dont Nietzsche a dit si justement qu’il fait naître chez le lecteur « ce même sentiment de contemplation intime et recueillie, qu’il sied d’éprouver en ouvrant un reliquaire » ; bientôt après, fruit de ces heures de recueillement que Wagner sut toujours se réserver, en dépit et au milieu des agitations extérieures, il termina le premier projet complet du drame de Parsifal, tandis que la partition des Maîtres Chanteurs avançait à grands pas. Voilà ce que Wagner a fait, voilà ce qu’il aurait pu citer en réponse à ceux qui demandaient s’il avait justifié la confiance de son royal ami, et mérité celle du peuple bavarois.

Si, d’autre part, détournant nos regards de l’activité artistique du maître, nous nous demandons quel fut, à Munich, le résultat de son travail, pour le monde, avec le monde et dans le monde, il nous faut bien avouer

  1. Ce rapport, qui marque une ère dans l’histoire de la musique allemande, se trouve dans le volume VIII de la collection des écrits de Wagner.