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blasés ; la muse de la danse charmait l’élite des écrivains, et Théophile Gautier n’allait pas tarder à composer Giselle et la Péri pour Carlotta Grisi. En revanche, le foyer des danseuses ressemblait trop à un rendez-vous de riches étrangers, — j’allais dire à un harem.

Marie Taglioni donna sa démission deux mois après Nourrit, qui se tua à Naples, en 1839. Le personnel de l’Opéra se renouvela en partie.

La Esmeralda, de Mlle Bertin, et Stradella, de Niedermeyer, ne réussirent pas, malgré le talent de Nourrit, de Levasseur, de Massol et de Mlle Falcon. Il y eut crise dans la direction du théâtre.

« Monter un nouvel opéra », cela exigeait de fortes dépenses ; la direction essaya des reprises de partitions de Gluck, de Sacchini, et d’autres maîtres. Le Don Juan de Mozart résista seul, et faiblement encore, aux goûts du jour.

Spontini était coupable de poncif, disait-on, dans la Vestale et Fernand Cortez, dont on ne voulait plus ; Cherubini ne comptait que bien peu, au point de vue de la composition dramatique. Lesueur ne semblait remarquable que par sa musique d’église, et Méhul ne charmait les dilettantes que par sa belle et onctueuse partition de Joseph, où le vieux Ponchard excella jusqu’à la fin de sa carrière.

Suivant le mouvement dramatique imprimé à