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nous prenions plaisir à contempler des groupes de Barye, et malgré l’Institut, cet artiste conquérait une haute renommée. Son Lion au serpent, incontesté chef-d’œuvre, son Tigre dévorant un crocodile, son Combat d’ours, et bien d’autres productions, promettaient le Centaure dompté par un Lapithe, qui obtint plus tard un succès immense.

Injuste jury ! s’écriait-on. Composé exclusivement des membres de l’Académie des beaux-arts, il frappait tout ce qui ne marchait pas dans l’ornière, et ses arrêts s’attaquaient aux talents les plus hardis.

De temps à autre, quelque article de revue ou de journal dénonçait les jurés à l’animadversion publique. Jeanron, dans la France littéraire de 1840, qualifiait ainsi l’Académie des beaux-arts : « Séminaire éternel d’incurables préjugés, il proscrit toute espèce de lutte d’opinions ; il frappe d’interdiction tout esprit novateur. » Thoré et Gautier ne manquaient aucune occasion de la prendre en défaut ; et il faut convenir qu’elle prêtait le flanc.

Parmi ses victimes, dans la statuaire, ajoutons à Auguste Préault, déjà nommé, exclu pendant quinze ans des expositions, et qui se vengeait par des bons mots, je n’ose dire par de bonnes statues, — ajoutons Jehan du Seigneur, Antonin Moine et Maindron.