Page:Challamel - Souvenirs d’un hugolâtre.djvu/228

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le nom de Robert me rappelle un talent qui lança des étincelles depuis 1824 jusqu’à 1835 ; une personnalité toute romanesque ; un artiste qui commença par tenir le burin et finit par tenir le pinceau, en composant des toiles qui ont le précieux patient de la gravure.

Je parle de Léopold Robert, qui se tua à Venise, en 1835, et dont le dernier tableau : Pêcheurs de l’Adriatique, fut exposé une année après dans une salle de la mairie de la rue Drouot. La foule se pressait, émue, attristée, devant l’œuvre de celui qui s’était donné la mort par suite d’un amour sans espoir pour la princesse Charlotte Napoléon.

Mercuri avait gravé les Moissonneurs de Léopold Robert, et quiconque possédait une belle épreuve de cette délicieuse gravure ne l’eût pas facilement cédée, je vous le jure. La mode fut aux œuvres de cet artiste, donnant à ses brigands et à ses paysans un certain air de majesté mélancolique. L’Improvisateur, la Madone de l’Arc, les Moissonneurs et les Pêcheurs figurent dans les galeries du Louvre.

Le temps les a fort défraîchis, et puis… la mode s’est portée ailleurs, et l’on reste presque froid devant ces toiles jadis acclamées !

Il faut se borner ; mais dois-je me taire sur les paysagistes ?