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À peine savait-on si le comte Alfred de Vigny recevait quelquefois. Sainte-Beuve a dit, en le comparant à Hugo,


Comme en Vigny, plus discret,
Comme en sa tour d’ivoire avant midi rentrait.

Mais, en 1836, quelques mois après la représentation du drame de Chatterton, le comte Alfred de Vigny reçut un assez grand nombre d’hommes de lettres.

J’avais claqué fort, au Théâtre-Français, en faveur de la Dorval remplissant le rôle de Kitty-Bell ; j’avais contribué à exalter la fameuse « scène de l’escalier », et quatorze fois, avec des amis fanatiques de l’auteur, j’avais bruyamment signalé ma présence dans la salle.

En récompense, Pitre-Chevalier, qui venait de publier son volume de vers, — Les Jeunes Filles, mystères, — m’introduisit auprès d’Alfred de Vigny, dont la Dorval était devenue l’idole, et dont la reconnaissance se changea en passion.

Les réunions du comte avaient lieu alors le mercredi, si je ne me trompe.

Sans chercher à savoir pourquoi une certaine froideur existait entre le chantre de la Vierge-archange Éloa et le poète des sensuelles Orientales, j’évitais, comme beaucoup d’autres jeunes rimeurs, de dire chez de Vigny que j’allais chez