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chaînée de fleurs jusqu’à un temple grec où se trouvait son buste. Les assistants, en grand nombre, chantaient des romances royalistes. Ce fut une succession non interrompue de fêtes pastorales, de banquets, de bals et d’illuminations.

Le vicomte d’Arlincourt, après 1830, ne ménagea pas les visites aux Bourbons exilés. De son château de Saint-Paër, il data la plupart de ses romans, dont quelques-uns acquirent une certaine notoriété. Le Solitaire, très souvent réimprimé, partout traduit, devint populaire. Les lauriers des auteurs en renom empêchaient de dormir notre vicomte, qui obtint deux mémorables chutes sur la scène.

Son imagination était dévergondée, son style ampoulé au suprême degré ; ses conceptions bizarres ne manquaient pourtant pas d’intérêt mélodramatique.

Lorsque j’allai lui rendre visite, avec Émile Deschamps, M. d’Arlincourt, le noble écrivain, me montra une bibliothèque spécialement remplie de ses œuvres, — réimpressions et traductions ; il me parla de ses succès monstres.

Moi, je souris, sans répondre. On prétendait que l’auteur du Siège de Paris, tragédie légendaire, avait dépensé une partie de sa fortune pour se faire jouer, et que Mme d’Arlincourt, en épouse dévouée, achetait secrètement et détrui-