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vie, qu'il en différa l'exécution pendant près de quinze ans.

Henri II meurt en 1559. Ronsard pleure en lui un protecteur et un appui, qu'il retrouve, du reste, dans le roi Charles IX :

Ainsi mourut Henry

Je le servis, seize ans, domestique à ses gages ; Non ingrat, lui sacrant mes plus doctes ouvrages : Je n'ai sceu prolonger sa vie; mais j'ai sceu Allonger son renom autant que je l'ai peu.

François II lui succède et ne fait que passer sur le trône.

François, son premier fils, à qui la barbe tendre Ne commençoit encore au menton qu'à s'estendre, Teint le sceptre après luy. prince mal fortuné, Qui se vit prescpje mort, si tost qu'il se vit né.

Mais, sous ce règne éphémère, Ronsard eut le temps de concevoir un respectueux attachement, qui dura autant que sa vie, pour l'infortunée Marie Stuart. Plus d'une fois ses vers vinrent adoucir les regrets de la malheureuse reine, et il osa élever la voix pour reprocher à Elisabeth son injustice et sa cruauté. Il resta toujours fidèle à la reine d'E- cosse ; il y avait vingt ans qu'elle avait quitté le plaisant pays de France, lorsqu'il s'écriait :