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— 55 — tisans, qui n'admirent qu'un petit sonnet pétrar- guisé, ou quelque mignardise d'amour qui continue toujours en son propos. Pour le moins, je m'asseure qu'ils ne me sçauroient accuser, sans condamner premièrement Pindare, aulheur de telle copieuse diversité, et outre que c'est la sauce à laquelle on doit gousler l'ode. »

11 fait longuement valoir, dans cette préface, l'autorité des anciens, sur laquelle il veut s'appuyer uniquement, et il renvoie à Horace et à Pindare tous ceux qui auraient quelque critique à lui faire. « Tant s'en faut, ajoule-t-il, que je prenne garde à l'ignorant, que ce me sera plaisir de l'entendre japper et caquetter, ayant pour ma défonce l'exem- ple de tous les poêles grecs et latins... Ces petits lecteurs poëlastres, qui ont les yeux si aigus à noter les frivoles fautes d'autruy, le blasmant pour un A mal escrit, pour une rime non riche... montrent leur peu de jugement... Pour telle vermine de gens, ignorantement envieuse, ce petit labeur n'est publié, mais pour les gentils esprits, ardents de la vertu, etc. »

Nous nous arrêtons, car il faudrait tout citer ; nous nous contentons de renvoyer le lecteur cu- rieux à la fin de la préface, où il excuse ou plutôt justifie son orgueil. Comme nous le disions (out à l'heure, c'est un véritable manifeste, qu'il est eu-