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— 54 _ « Oiiaiid tu m'nppclloras, lecleur, le proiuici au- teur lyrique François, et celuy qui a guidé les au- tres au chemin de si honnesle labeur, lors, tu me rendras ce que tu me dois et je m'efforceray de t'ap- prcndre qu'en vain je ne l'aurai reçu;,., désirant m'approprier quelque louange encores non com- mune ny attrapée par mes devanciers, et ne voyant en nos poètes françois chose qui fust suffisante d'i- miter, j'allai voir les eslrangers et me rendy fami- lier d'Horace Quand tu liras quelques traits de

mes vers qui se pourroient trouver dans les œuvres d'aulrui, inconsidérément tu ne me diras imitateur de leurs esciits; car limitation des 7wstres m'est tant odieuse... que je me suis csloigné d'eux, pre- nant stile à part, sens à part, œuvre à part, ne dé- sirant avoir rien de commun avec si monstrueuse erreur. Doncqucs, m'aclieminant par un sentier incogneu et monstrant le moyen de suivre Pindare et Horace, je puis bien dire (et certes sans vanterie) ce que lui-même modestement tesmoigne de luy :

Liliora i)cr vacum posai vesligia priiiccps, Non aliéna mco pressi pcdc

Puis il ajoute plus loin : « .le ne fais point de doute que ma poésie tant variée, ne semble fascheuse aux oreilles de nos rimeurs, et principalement des cour-