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les fit aussy lost courir pour prévenir la répulation de Ronsard et, y ajoutant quelques sonnels, il les mit ensuite en lumière, en l'an 1549, soubs le titre de : Recueil de poésies, ce qui lit naître dans l'es- prit de nostro Ronsard, si non une envie noire, à tout le moins, une jalousie raisonnable contre du Bellay, jusques à intenter une action contre lui pour le recouvrement de ses papiers, et les ayant ainsy relirez par la voie de la justice, comme il estoit généreux au possible et comme il avoit de tendres senliments d'amitié pour du Bellay, dont il exalloit hautement le mérite, il oublia toutes les choses passées et luy rendit son amitié. « Il alla même plus loin : frappé des beautés de ces premières odes, il engag^ea son rival à poursuivre dans une voie où il avait si bien réussi, et rien ne vint plus désormais troubler l'harmonie qui présidait à leurs rapports. Du Bellay ne cessa jamais de reconnaître Ronsard pour son. maître : c'est ainsi qu'il lui a consacré deux pièces, l'une latine, l'autre française, qui ont été conservées en tète du F livre des Amours. Voilà donc un membre de plus dans le petit cénacle du faubourg Saint-Marcel, ou, pour parler plus exactement, dans la brigade, germe de cette célèbre Pléiade qui, pendant une bonne partie du seizième siècle, garda, sans contestation, le sceptre de la science et de la poésie.