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- oU — de suivre la cour dans ses voyages : il revint à Pa- ris, tenant encore ses preuiières productions soi- gneusement cachées. Il liabilait alors, avec son jière, le palais des Tournelles, où le retenait son service de page aux écuries. Le nouveau roi Henry lui montrait, paraît-il, beaucoup de bienveillance, et Binet va presque jusqu'à se réjouir que l'infir- mité précocede son maître et ami l'ait détourné des intrigues de cour, où il eût été appelé à réussir : « J'appelleray toutefois ce malheur bienheureux, dit-il, qui fut cause que Ronsard qui, pour s'avancer près des grands j)ar le chemin des courtisans, eusl peut-être perdu son temps inutilement, changea de dessein, et reprit les estudcs laissées, encore qu'il eust jà assez bonne part aux grâces du roy

Henry H Tesmoin lorsque le roy fit partie au

balon dans le Pré-aux-Clers, avec M. de Longue- ville, où le roy ne voulut jamais commencer le jeu sans qu'il y fust, et dit tout haut, après avoir gai- gné, que Ronsard en était la cause. » — Parole qui dut faire sensation parmi les compagnons du jeune page, et exciter plus dun envieux.

Ronsard, âgé de vingt-cinq ans, était alors dans tout l'éclat de l'élégance et de la jeunesse. « 11 es- toit d'une stature fort belle (dit toujours son bio- graphe), avait les membres forts et proportionnez, le visage noble, libéral et vrayement françois , la