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Si vous n'avez jamais, à l'heure où tout sommeille, Tandis qu'elle dormait, oublieuse et vermeille, Pleuré comme un eui'ani, à lorce de souiTrir... Si vous n'avez jamais senti que d'une femme Le regard animait dans votre âme une autre âme, Que vous étiez charmé, qu'un ciel s'était ouvert, Et que, pour cette enfant, qui de vos pleurs se joue, Il vous serait bien doux d'expirer sous la roue, Vous n'avez point aimé, vous n'avez point souffert !

Sa Muse est surtout la muse du foyer ; ce sont les joies de la famille qu'il peint le mieux, et les enfants lui ont inspiré ses vers les plus louchants : ce qu'il rêve, c'est moins le délire d'un moment que le calme d'une vie à deux, douce et paisible, les plaisirs intimes du foyer domestique :

Ah! si vous rencontrez quelque part, sous les cieux,

Une femme au front pur, au pas grave, aux doux yeux ,

Oh ! (pii que vous soyez, bénissez-la ; c'est-clle Mon orgueil, mon espoir, mon abri, mon recours. Toit de mes jeunes ans qu'espèrent mes vieux jours !

Ronsard el Victor Ilugo ont compris différem- ment l'amour. Celui-ci l'a considéré comme une chose grave et austère; il en a tenu les engage- ments pour sacrés; celle qu'il chanle, c'est la compagne de sa vie, la consolatrice de ses jours mauvais. Celui-là, au contraire, n'a envisagé que le